Apprendre par la réciprocité
ISBN 978-2-36717-200-2 Catégorie Savoir communiquer
12,23 €
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Réinventer ensemble les démarches pédagogiques
Mots-clés : Échanges réciproques, Apprentissage, Pédagogie
Préface et postface de Pierre Frackowiak
Illustration de Éric Grelet
Auteur | Héber-Suffrin Claire |
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Nombre de pages | 144 p. |
Format | 15 x 22 cm |
Poids | 209 g |
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Présentation
Si tu m’apprends le portugais, que moi, je t’apprends, à toi ou à d’autres, à faire de la soupe polonaise à l’orge perlé, ce n’est pas seulement parce que nous avons besoin du portugais et de la soupe, c’est parce que je te respecte, je considère que tu sais et que tu peux m’apprendre, je sais que nous savons, toi, tu peux m’apprendre, et moi, je peux t’apprendre. La réciprocité ne peut se concrétiser que dans le respect mutuel, sans domination, sans recherche de pouvoir.
Il s’agit d’un état d’esprit, de conviction, d’engagement, d’une philosophie de l’éducation. Il s’agit de « tenir ouvertes les portes du futur », toutes les portes et tous ensemble.
Extrait de la préface de Pierre Frackowiak
Proposer aux élèves, aux adultes qui veulent se former professionnellement, à tous ceux qui s’engagent dans des apprentissages d’apprendre par la réciprocité, c’est leur présenter des dynamiques cohérentes, des situations pédagogiques efficaces et des cheminements motivants.
La réciprocité, dans ses dimensions complexes, contribue à apporter des réponses aux questionnements de notre société, si on n’en oublie pas la part cognitive et pédagogique : apprendre, réussir à apprendre, chercher le savoir, apprendre en reformulant…
Cet ouvrage est un outil pédagogique :
- pour comprendre l’efficacité de cette démarche, la comprendre par la pratique (la main), la comprendre par la sensibilité (le coeur), la comprendre par la raison (la tête) ;
- pour relier la forme d’organisation qui la crée, l’organise et la développe ; l’ingénierie de formation qu’elle construit ; le processus personnel qu’elle entraîne : motivation, curiosité, exploration, connaissance de ses savoirs et de ses ignorances… ; et la théorie qui permet de la mettre en oeuvre avec rigueur, de l’interroger, d’en prendre conscience, d’en exploiter les effets et de la proposer à la généralisation.
Auteure
Claire Héber-Suffrin, enseignante et formatrice, docteure en sciences de l’éducation, est cofondatrice des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs®.
Illustration de couverture
Antoine Dupeyrat avait pris comme thème de sa thèse de graphiste « Les Réseaux d’échanges réciproques de savoirs® ». Nous l’avions rencontré plusieurs fois pour présenter notre projet, l’expliquer et l’expliciter, répondre à ses questions… Brillamment reçu, il nous a fait cadeau du concept créé ! Premier sens, de ce « Rouleaubateauenbouteille » : celui de dons réciproques imprévus ! Il dit notre reconnaissance !
Le second sens est évident
« J’offre la pâtisserie : faire des pâtes, des tartes, savoir utiliser le rouleau (pour et seulement pour la pâtisserie !)… et je demande… la connaissance de voyages ? La fabrication des bateaux ? L’histoire de la marine à voiles ? Les grandes découvertes ? La mise en bouteille des bateaux ? Ou bien : « Je demande la voile et j’offre la pâtisserie… » ce faisant, chacun de nous se transforme, transforme ses offres et ses demandes, transforme ses savoirs et ses ignorances et transforme les relations : nous ne sommes plus tout à fait les mêmes, nous avons enrichi nos « identités-relations » !
Le troisième sens est plus complexe
Que nous dit le rouleau à pâtisserie ? Il sert à étendre la pâte, comme le savoir peut étendre les relations, comme les relations peuvent élargir les savoirs. Une pâte seule, si fine soit-elle, n’invite pas à goûter. De même, chaque savoir, pour être vraiment « goûteux », demande à être enrichi des expériences, des émotions, des projets… de ceux qui les recherchent et de ceux qui les partagent. Chaque savoir demande à être complété, croisé, tissé d’autres savoirs, comme la pâte, elle, prend le goût des fraises, de la crème pâtissière ou de la vanille. Apprendre, enseigner, transmettre, n’est-ce pas une sorte de « cuisine », en soi et entre nous ? N’est-ce pas aussi du « touiller » ensemble, du malaxer, du allonger, du réduire, du laisser poser, du vider, du choisir, du faire fondre, du déglacer, du faire revenir… ? Et si une tarte est un dessert, vivre le plaisir d’apprendre et de savoir, éprouver le bonheur de les savourer avec d’autres peuvent aussi être des desserts de la vie !
Que nous dit le bateau en bouteille ? Oui, tout apprentissage est un voyage. Oui, « Tout apprentissage exige ce voyage avec l’autre et vers l’altérité. Pendant ce passage, bien des choses changent. » Le Petit Prince part de sa planète, pour un voyage initiatique. Il est un peu naïf, comme nous le sommes devant des savoirs nouveaux pour nous : il va découvrir le monde, apprendre sur les autres et sur lui-même… « Tout apprentissage est comparable, selon Vygotski, à un voyage au cours duquel le voyageur traverserait deux contrées bien différentes. Dans la première contrée, le paysage est visible, tout se passe à l’air libre. C’est la période des interactions entre un adulte et un enfant, un maître et des élèves, [un offreur et des demandeurs de savoirs]. Dans la seconde contrée, le voyage se poursuit, mais à l’insu de l’observateur car le paysage est plongé dans l’obscurité. Ce qui a été appris en classe [ou pendant l’échange] poursuit son chemin mais cette fois-ci dans la tête de l’enfant [du demandeur mais aussi de l’offreur]. »
Le voyage, c’est la découverte de mondes inconnus. L’autre est toujours un inconnu à découvrir et il ne le sera jamais totalement, heureusement ! L’étonnement est toujours une force d’apprentissages de pays, de cultures, de paysages, d’histoires…
Ce bateau-là évoque divers métiers. Des métiers liés au bateau lui-même : ingénieur, mécanicien, menuisier, charpentier, calfat… Des métiers liés à la navigation : capitaine, mécanicien, maître d’équipage, maître électricien, maître machine, matelot, gabier, timonier, cuisinier… Des métiers liés à la mer : métiers du port, de l’administration de la mer, de la recherche océanographique, marins-pêcheurs, aquaculteurs… Des métiers liés à la découverte des autres : anthropologue, ethnologue ou sociologue, géographe, historien…
La bouteille ? Elle évoque les vignes, la fabrication du vin, l’oenologie… mais aussi la convivialité, l’amitié, la famille…
La mise en bouteille des bateaux ? Un art, un artisanat, une mémoire (celle d’un marin qui…), un exploit (faire entrer par le goulot et remonter dans une bouteille un voilier avec ses voiles !). Tout apprentissage n’est-il pas un exploit qui requiert un effort, un enracinement dans une histoire, une mémoire, une transmission, de la patience, de la rigueur, des procédures, de la construction et des outils… ? Tout enseignement n’est-il pas un artisanat et un art ?
Cet objet curieux, n’est-il pas le fruit d’une imagination créatrice, le fruit d’un croisement des savoirs, le fruit de la transmission d’une histoire, le fruit d’une aventure humaine, comme l’est celle des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs® ? Tout savoir n’est-il pas étrange et étranger pour le néophyte ? Ne crée-t-il pas de l’inquiétude, de la peur et, même, parfois, un sentiment d’inutilité ? N’est-il pas un peu, pour celui qui le cherche, un objet insolite ? Que faites-vous de nos savoirs traditionnels, nous demande ce savoir-faire d’antan ? Qui a vraiment accès aux savoirs nouveaux qu’élaborent les humains, dès lors qu’ils coopèrent, nous demande cet objet métis ? Tout savoir n’est-il pas toujours un croisement de savoirs ? N’est-il pas nécessaire de croiser les métiers de notre temps pour inventer les métiers de demain ?
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